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SANTA MARTA

A Rio de Janeiro, on dénombre près de mille favelas, des bidonvilles construits illégalement avec des matériaux de récupération sur les hauteurs de la ville. De passage à Rio en 2013, je me rends dans la favela Santa Marta. Pacifiée en 2008 suite à un programme gouvernemental, elle fait office d'exception comparée aux autres où la violence est toujours de mise. Située très en hauteur dans une zone non-constructible surplombant le quartier de Botafogo, aucun accès n'est possible pour les motos et voitures. Il faut emprunter un funiculaire à partir d'un quartier résidentiel de la ville pour s'y rendre. Après une montée de 15 minutes, le paysage fascine : à perte de vue, les collines et les plages célèbres d'Ipanema ou Leblon. Puis les maisons colorées peintes lors d'un projet Erasmus il y a quelques années sautent aux yeux. Elles sont l'attraction principale de la favela avec la « Place Mickael Jackson » qui rend hommage au roi de la pop depuis qu'il y a tourné le clip « They don’t care about us » en 1996. Pour circuler, il faut arpenter les impasses sinueuses qui s’entrecroisent. La circulation se fait en zigzag, par des escaliers étroits aux marches inégales dans un labyrinthe d'habitations anarchiques, construites les unes au dessus des autres. Il y a peu de rues correctement nommées, on se débrouille pour trouver son chemin, un passage pouvant disparaître d'un jour sur l'autre. Tout en haut, c'est voie sans issue : un mur a été construit par le gouvernement pour stopper la favela. Ici, vivent plus de 5.000 personnes. Il est devenu aussi cher de se loger à Rio qu'à Paris, aussi les deux tiers des urbains qui travaillent "en bas" rentrent le soir dormir dans les favelas, faute d'un salaire suffisant pour payer un loyer. En guise de protestation ils écrivent sur les maisons des messages destinés à ceux qui dorment dans les quartiers riches en contre-bas. On croise l'échoppe d'une femme qui vend de tout, des hommes désoeuvrés et des enfants rieurs. Comme partout dans le pays, il y a un terrain de foot. Celui-ci avec vue imprenable sur la baie et les beaux immeubles clairs parfaitement entretenus du quartier de Botafogo, un vrai contraste avec la confusion de la favela.

Depuis la période où j'ai réalisé ces images, le programme gouvernemental a échoué et la violence a repris. Santa Marta est à nouveau sous le contrôle des narcotrafiquants et des fusillades peuvent y éclater à tout instant. Maintenant, des policiers munis de gilets pare-balle et armés de fusils d'assaut montent la garde sur la "Place Michael Jackson".

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